Les opérations sur les enfants intersexes – à quand leur interdiction au Luxembourg ?

Les opérations sur les enfants intersexes ne sont pas rares. L'intersexualité est souvent considérée comme un problème médical qui doit être résolu. Que ces enfants soient en bonne santé ou non, ils sont déniés un choix, qu’ils auraient dû avoir eu la chance de prendre plus tard. En Allemagne, une loi en discussion devrait désormais interdire cette pratique et encourager les enfants intersexes dans leur autodétermination. Une telle loi est également envisagée ici au Luxembourg. Où en sommes-nous et quand cette loi sera-t-elle soumise? Nos députés Carole Hartmann et Max Hahn ont demandé auprès des ministères responsables.

« La brochure ‘Let’s talk about sex !’ publiée par le Ministère de la Santé en 2020, définit une personne intersexe comme étant née « avec des caractères sexués qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins.»

Selon le ‘Plan d’action national pour la promotion des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes’, « parmi les 6050 enfants nés au Luxembourg en 2016, jusqu’à 103 enfants présentent une variation des caractéristiques sexuées. » Alors que la majorité des enfants intersexes sont nés en bonne santé, et malgré les effets négatifs sur les plans physique ainsi que psycho-social, des enfants intersexes sont soumis à des opérations d’assignation de sexe irréversibles dans au moins 21 pays de l’Union européenne.

Dans l’accord de coalition 2018-2023 il est convenu que « les interventions chirurgicales ou médicales chez les mineurs incapables de discernement et chez qui le sexe biologique ne peut pas être clairement déterminé seront interdites par la loi, sauf les cas de nécessité vitale. »

En Allemagne, le gouvernement a présenté en décembre 2020 un premier projet de loi (Gesetzesentwurf 19/24686) destiné à protéger les enfants nés avec des variations des caractéristiques sexuées, à sauvegarder leur droit d’autodétermination de genre et à interdire des traitements ciblés de changement de sexe pour les enfants concernés. Une demande annexée réclame des fonds de compensation, pour indemniser les personnes ayant été assujetties à une telle intervention sans leur consentement préalable.

Dans ce contexte, nous aimerions poser les questions suivantes à Madame la Ministre de la Santé, Madame la Ministre de la Justice et Madame la Ministre de la Famille et de l’Intégration :

  • Mesdames les Ministres, peuvent-elles fournir des informations sur le nombre de nouveau-nés intersexes au Luxembourg par an pendant les cinq dernières années ?
  • Combien de ces enfants ont subi des opérations d’assignation ?
  • Existe-t-il des recommandations de la part du ministère de la Santé pour les hôpitaux et le personnel médical sur la manière comment guider et informer au mieux les parents d’enfants intersexués ?
  • En attendant l’introduction de nouvelles dispositions légales, le ministère de la Santé décourage-t-il d’ores et déjà activement la pratique d’assignation de sexe dans les hôpitaux ?
  • Quel est l’état d’avancement de l’élaboration d’un projet de loi visant à interdire l’assignation d’un sexe chez les nouveau-nés tel que prévu par l’accord de coalition ? Pour quand un tel projet de loi pourrait-il être déposé à la Chambre des députés ?
  • À l’instar de l’initiative allemande, est-il prévu d’introduire la possibilité d’un dédommagement pour les personnes ayant subi une telle intervention sans leur consentement ? »

Réponse

D’après les informations dont disposent le ministère de la Santé, trois interventions chirurgicales ont été pratiquées au Luxembourg ces dernières six années sur des enfants intersexes pour cause d’un syndrome adréno-génital. L’accord de gouvernement de 2018 entend clairement donner suite à une motion du 25 juillet 2018 votée par la Chambre des Députés qui prévoit e.a. de charger le comité interministériel LGTBI de se pencher sur les objectifs et les actions concernant les personnes intersexes en vue de légiférer en la matière dans les meilleurs délais. Un avant-projet de loi visant à interdire l’assignation d’un sexe chez les nouveaux-nés pourrait être soumis au Conseil de gouvernement d’ici la fin de l’année.

Souhaitez-vous une traduction en français de cette question parlementaire ?

Partager :

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp

Plus de questions parlementaires

Des registres nationaux supplémentaires pour les maladies majeures ?

Le registre national du cancer permet de mieux suivre l’évolution des cancers et d’évaluer l’efficacité des traitements.
Les députés du DP Mandy Minella et le Dr Gérard Schockmel ont demandé à la ministre de la Santé si d’autres registres devraient être mis en place pour les maladies majeures, notamment les maladies cardio-neuro-vasculaires, qui sont l’une des principales causes de décès dans notre pays.
L’accès du CGDIS à ces registres devrait également être envisagé afin d’améliorer la prise en charge dans les situations d’urgence.

lire plus...

Une nouvelle pharmacie à Weiswampach ?

Une nouvelle pharmacie devrait voir le jour à Weiswampach. Le député du DP André Bauler a demandé à la Ministre de la Santé pour quelles raisons une nouvelle pharmacie sera installée, quand cette pharmacie ouvrira ses portes et si elle contribuera à améliorer le service de garde dans le Nord du pays.

lire plus...

Contrôles de l’ITM dans le secteur de la restauration

L’ITM considère le soutien aux entreprises et la prévention comme ses priorités. Cependant, dans le secteur de la restauration, l’application directe de sanctions après un contrôle semble être la règle plutôt que l’exception. Dans ce contexte, les députées du DP Corinne Cahen et Carole Hartmann ont notamment demandé au Ministre du Travail combien de contrôles ont été effectués dans le secteur de la restauration au cours des 5 dernières années, combien de sanctions ont été prononcées immédiatement après un contrôle et combien de sanctions ont été réduites ou levées.

lire plus...

Un établissement public pour le don du sang ?

Les députés du DP Corinne Cahen et Gérard Schockmel ont posé des questions à la Ministre de la Santé sur l’établissement public annoncé pour le don du sang.
Les députés libéraux ont notamment demandé s’il ne serait pas plus judicieux de prendre en charge la totalité des frais de la Croix-Rouge pour le service de transfusion sanguine plutôt que de créer un établissement public ?
Et qu’adviendra-t-il de l’espace pour les dons de sang, prévu dans le nouveau siège de la Croix-Rouge à Howald, si la Croix-Rouge ne reprend pas le service de don du sang ?

lire plus...